Futur, ancien, fugitif – les limbes du temps

Beaucoup de tristesse dans cette exposition ; grotesque, obscène, mécanique, anxiogène, voyeur, vindicatif, démonstratif, grossier, …, statique. Comme si l’espace et le temps n’existaient plus – bloqués dans les limbes d’un hyperespace contemporain – sans regrets ni espoirs. Au plus-que-présent, tout est plus intense, hypersensible ; et lorsque les artistes sont en manque de vie, l’expérience est dévastatrice car la trace qu’ils laissent est morbide puis mortifère. Au palais de Tokyo, l’exposition « Futur, ancien, fugitif. Une scène française » est dans un sale et nauséabond air du temps. Âmes sensibles, s’abstenir.

Le cinéma

Le cinéma est une expérience du plus-que-présent. On peut être spectateur et vivre le film au présent ou alors acteur et vivre le film au plus-que-présent. Pour cela : Se laisser s’attacher aux différents acteurs du film ; sans filtre sur la qualité de leur jeu. On y est quand on se prend d’amitié pour un personnage du film. Se laisser captiver par l’histoire comme si elle était essentielle pour soi ; sans filtre sur la cohérence du déroulé. On y est quand on pleure ou rit d’une situation. Se laisser ressentir le décor comme si c’était un rêve ; sans filtre sur la pertinence. On y est quand on aimerait y être. Se laisser, … « Se laisser » est un Lire plus …

On Air – Tomás Saraceno

Cette exposition au Palais de Tokyo est une expérience du plus-que-présent où le temps et l’espace sont mis en scène avec poésie et engagement, à travers les tissages des araignées et la légèreté des ballons d’air. L’espace est tissé par les araignées. Ces liens fins qui relient les points de l’espace dessinent des architectures fines et robustes et une impression de fragilité semble animer les spectateurs. A d’autres endroits, l’artiste tisse lui même des fils dans des espaces où l’on peut se glisser. L’espace devient ludique, apprivoisé. > Les fils qui tissent l’espace sont infiniment plus petit que l’espace qu’ils délimitent. Observer le vide et s’y déplacer plutôt que de suivre les fils est une expérience du plus-que-présent. L’espace est Lire plus …

Arles – photographies

A la différence de la peinture que l’artiste construit au fur et à mesure, la photographie est un instantané. L’art du photographe repose dans sa maîtrise des conditions extérieures pour sublimer, un instant, le présent avec son intention.

Nice – Cosmogonies

L’expérience de l’origine au mamac. Comment fixer dans le présent sa vision de l’origine ? Bien que la proposition soit de passer par les éléments (terre, eau, …), la poésie de chaque artiste transcende cette posture géologique dans une posture plus que présente.

Nice – Matisse & Picasso

Comment ces deux artistes ont travaillé ensemble à distance en utilisant toutes les forces du plus-que-présent. L’anticipation ou la justesse du trait. La conservation ou la cohérence du dessin. Le lâcher prise ou ces surprises picturales. L’engagement ou la conviction que peindre est comme respirer, manger ou marcher.

Palais de Tokyo

Chaque visite au Palais de Tokyo est une expérience du plus-que-présent. Toutes les forces y sont exprimées : – conservation : l’artiste contemporain prolonge en lui un art historique – anticipation : cet état entre deux qui oscille entre ce que l’on a compris et ce qu’on souhaiterait comprendre – lâcher-prise : forcément utile pour être prêt à la surprise – engagement : les visites avec le médiateur (samedi à 15h) sont parfaites pour partager avec d’autres ce parcours artistique du présent. En juillet 2018, un parcours autour de l’enfance où se mêlent mythes, questionnements, suppositions inquiètes, licornes magiques, langues maternelles, sensations… Être enfant, c’est grandir au présent avec le présent. Une mise en scène du pain merveillante :). Et Lire plus …

Zao Wou-Ki – l’espace est silence

De grands tableaux fractals : chaque espace ouvre un nouvel espace en 3 dimensions. La matière, la force de la couleur, les glacis, les textures croisées ou piquées ; tout inspire la contemplation profonde. Ami de Henri Michaux, adepte de contemplations active, Zao Wou-Ki propose d’explorer le temps à travers l’espace. Chaque tableau est une carte que l’on parcours des yeux : frontières, rivières, reliefs, zones habitées. L’espace apparaît alors comme une partition de musique : la proposition silencieuse d’un moment de notre temps. Temps à notre discrétion. Formellement, la peinture est une porte du plus-que-présent. L’artiste y inscrit son présent par son engagement, le spectateur y inscrit le sien par son lâcher-prise.

War Games

Cette nuit, je revois War Games, ce film d’anticipation des années 80. L’histoire : un jeune adolescent voulant jouer, se connecte par hasard avec l’ordinateur de l’armée américaine avec qui il va jouer à la « guerre termo-nucléaire globale ». Anticipation, voilà une sensation étrange : c’est un imaginaire qui va se produire. Projet pour certains, fatalité pour d’autres. Le cinéaste comme certains hommes arrivent à changer le cours de l’histoire pour en faire ce qu’ils veulent. Des hommes présents. Je prends des photos du film qui passe. Inscrire dans le temps présent une observation du passé par des instants successifs permet de se déplacer à plusieurs reprises consciemment : regarder le film du passé se voir en train de prendre la photo Lire plus …