Boire (de l’eau)

Je bois peu d’eau – mais je la bois au même endroit : dans ma salle de bain, dans un verre , un verre à bord épais, transparent. J’ai bu aussi dans des verres en plastique toujours à bord épais. Cela fait un moment, que je me dit que boire de l’eau est sûrement une expérience que l’on peut vivre au plus-que-présent. J’y arrive maintenant, simplement.

Conservation :

  • debout, les pieds bien posés sur le sol, le verre – je suis droitier – dans la main droite (pour une expérience plus forte, on peut le mettre dans la main gauche) – plein d’une eau fraîche mais pas froide. J’approche le verre de la bouche et je pose mes lèvres sur le bord ; un bord épais stable qui stabilise l’expérience.

Anticipation :

  • je vais boire le verre d’eau d’un seul coup. Il faut prendre une bonne respiration pour éviter d’être asphyxier en plein d’action. Mais pas une trop grande, pour que le corps puisse sentir l’eau s’écouler.

Engagement :

  1. une première petite gorgée – pour ne pas s’en mettre partout. Dans les oreilles, ce petit bruit de froissement, qui accompagne la déglutition (bruit sec puis humide).
  2. puis une seconde plus importante – pour garder son souffle
  3. puis la troisième – la grande, celle qui permet de voir le fond du verre : l’eau au premier plan, le fond du verre à l’horizon
  4. puis la quatrième –  gouleyante celle qui vide bien le verre et qui prend notre souffle
  5. enfin la cinquième qui termine la dégustation, petite, comme la dernière pépite

Lâcher-prise :

  1. Le premier lâcher-prise, c’est quand on sent l’eau disparaitre du fond de la bouche pour réapparaitre dans le haut de la gorge (un hyper-espace)
  2. Le second, sentir l’eau arriver plus bas dans le haut de l’estomac (un deuxième hyper-espace, l’œsophage est sourd au sensations)
  3. Enfin, l’ultime, sentir l’eau se diffuser dans son ventre, puis dans sa peau et enfin dans tout son corps
  4. Se laisser illuminer par l’eau qui rayonne en nous

 

Pourquoi les verres d’eau ont-ils souvent la même contenance ? Ce moment de boire n’est-il pas une porte d’accès au plus-que-présent comme le nez au milieu de la figure ?

L’expérience de la pleine conscience, illumination, plus-que-présent, révélation, vie intérieure – peu importe comment on l’appelle – quand on l’a vécu une fois, on cherche à la reproduire et à la communiquer aux autres. Sans doute car cet espace d’expérience révèle une nouvelle conscience pleine de potentiel.