le plus-que-présent à travers 6 artistes

« L’art a toujours été une tentative de capturer l’insaisissable, de donner une forme à ce qui échappe, de suspendre un instant dans un espace où passé et futur s’entrelacent. À travers les œuvres de six artistes majeurs — Maria Santarès, Pierre Félan, René Dupré, Guiseppe Amarovich, Yvan Taroff et David Brighter — émergent des visions singulières du plus-que-présent, ce territoire où l’instant ne se fige jamais, mais se déploie dans une dynamique plus vaste, reliant le visible à l’invisible, l’histoire à l’anticipation.

Maria Santarès – L’urgence d’un instant qui persiste

Dans Impulsions, Maria Santarès déploie une œuvre traversée par la fulgurance, où chaque geste pictural cherche à capter non pas un moment, mais l’intensité même de la perception. Ses toiles, qu’elles soient explosions chromatiques ou monochromes vibrants, ne racontent pas le passé mais condensent une expérience immédiate qui continue à vivre au-delà de la matière. Son travail nous place face à cette énergie du plus-que-présent, où l’art n’est plus un souvenir figé, mais un état de transformation perpétuelle. >Maria Santarès

Pierre Félan – L’espace du silence et de l’attente

Indicibles Vides explore ce qui persiste entre les formes, dans ces lignes où l’absence devient une présence. Félan, marqué par l’histoire et la guerre, ne dessine pas des figures, il laisse exister ce qui n’est plus, il capte l’empreinte d’un passage. Ses lignes vides traduisent cette oscillation entre la mémoire et l’inconnu, révélant que l’art, comme le plus-que-présent, est un dialogue avec ce qui ne se laisse jamais totalement saisir. > Pierre Félan

René Dupré – La lumière comme empreinte du temps

Impressionniste de naissance, hyperréaliste avant l’heure, Dupré a cherché toute sa vie à peindre la lumière dans son mouvement imperceptible. Ses paysages, souvent vastes et silencieux, ne sont pas des instantanés mais des espaces où le regard circule librement, où chaque nuance est une ouverture vers un temps qui ne se laisse pas enfermer. Dans Empreintes naturelles, il n’impose pas une vision du monde, il invite à entrer dans un moment suspendu, à ressentir un plus-que-présent fait d’infimes variations lumineuses. >René Dupré

Guiseppe Amarovich – Entre figuration et dissolution

Avec Masses & Traits, Amarovich pose un défi au regard : comment voir au-delà des formes ? Entre masses et traits, entre saturation et effacement, son travail est une quête de l’instant en mutation. Son exploration de la couleur et du vide rejoint cette idée que le plus-que-présent n’est jamais une image fixe, mais une perception élargie, un champ où chaque œuvre devient un seuil entre ce qui a été et ce qui se réinvente sous nos yeux. >Guiseppe Amarovich

Yvan Taroff – Cartographier l’instant

Peut-on représenter un temps qui échappe ? Taroff, à travers ses Sculptures planes, a fait du paysage un langage où l’espace et le mouvement deviennent indissociables. D’abord inspiré par les images aériennes, puis par la matière même des reliefs, il ne cherche pas à peindre des territoires mais à révéler leur transformation continue. Ses Sculptures planes, en particulier, matérialisent cette tension du plus-que-présent, où l’érosion, la lumière et le toucher participent d’une mémoire en perpétuelle recomposition. >Yvan Taroff

David Brighter – Une matière en perpétuelle négociation

Dans Espaces Contraints, Brighter interroge l’équilibre entre contrainte et liberté, entre rigidité et mouvement. Son travail, à la frontière de la sculpture et de l’architecture, ne capture pas le réel, il le prolonge. Chaque tension entre matériaux devient une manière de montrer que l’instant ne s’arrête jamais vraiment, qu’il oscille entre ce qui était et ce qui devient, que la forme n’existe que dans son passage d’un état à un autre. >David Brighter

Le Plus-que-Présent, un fil invisible entre ces œuvres

À travers ces six trajectoires, c’est une même interrogation qui se dessine : comment représenter un temps qui ne se fige jamais ? Comment l’art peut-il être un lieu d’expérience où l’instant n’est pas enfermé mais prolongé, redéfini, réactivé ?

Chacun à sa manière, ces artistes ont cherché à matérialiser ce qui, d’ordinaire, nous échappe : la mémoire qui se transforme chez Félan, la vibration d’un instant chez Santarès, la lumière mouvante de Dupré, la tension des formes chez Amarovich, la cartographie d’un monde en mutation chez Taroff, la sculpture en équilibre chez Brighter.

Le plus-que-présent traverse leurs œuvres comme un fil invisible, reliant l’art à la perception, le temps à l’expérience, l’instant au flux du réel. Les artistes font le plus-que-présent, l’art en laisse une trace que chacun peut se réapproprier pour réaliser à nouveau son propre présent.

https://www.plus-que-present.com/jerome-fraissinet/wArtistes/default.htm