Dans ces terres désolées, à deux pas d’un grand passage maritime (le détroit d’Ormuz), les fiords fractals dilatent le temps et l’espace.
Le temps de la ville : les embouteillages matinaux, le lever de soleil brûlant, les immeubles en construction permanent.
Le temps du passage. La longue horizontale désertique laisse place à une verticale escarpée toute aussi désertique qui plonge dans l’eau turquoise.
Le temps des dauphins. Dans la chaleur des montagnes blanches, dans une eau acérée – des dauphins surgissent, libres d’aller – je les encourage et m’en émerveille.
Le temps de se restaurer. Après un bain prolongé où nous avons assistés à la cour des seiches – fluorescentes et gonflées – des plats chatoyants dans cet univers minéral.
Le temps de se baigner. Ici, se baigner est le verbe d’état – l’eau chaude et salée stimule conservation et engagement, la chaleur et la minéralité extérieure stimule anticipation et lâcher-prise.
Le temps de voir. Les brules lointaines font figurer des chemins escarpés et les rochers cachés des caches secrètes. Aucun lieu n’est vraiment inhabité, ils le sont tous, au moins au plus-que-présent.
le temps d’imaginer. Chaque excroissance suscite l’imagination : une tortue, un gorille, une pyramide…
Le temps de rentrer. Fendant la brise, plongeant près d’une épave, cet endroit est un havre de temps et d’espace – furieusement vivant plombé par le ciel et les roches, écorché par le bas par le sel.
Retour à Dubai. Le soleil se couche sur les déserts et la grande ville s’émancipe de mille lumières.
Ici, se baigner est un verbe d’état du plus que présent et la côte fractale dilate le temps et l’espace.
Au coeur du croisement