Le Grand Restaurant

 

Identités culinaires chez Jean-François Piège Aussi loin qu’on s’en souvienne, il existe toujours un petit plaisir gustatif et olfactif – où on se retrouve. Le tabouret de la cuisine pour le plus petit, au bout de la table. Les œufs au plat dans leurs poêlons. Des cornichons, des pommes de terre et une raclette. Des croque-monsieur cramés. Des filets de merlan à la sauce tomate. Des BN dans du lait froid. Du coca sur la table du salon. Du couscous. De la blanquette. Du gigot de 7 heures. De la choucroute. Une cuisine de maison, des instants de goûter, des recette bien à soit. La table du repas. Le pain et le vin. Déjeuner, c’est rompre le jeûne pour se retrouver à nouveau. Eprouver les odeurs connues, mettre des noms sur les viandes, les légumes, les fruits. Respecter un ordre dans la dégustation de l’assiette. Le repas c’est une inspiration introspective : rien n’est laissé au hasard – c’est tout son être qui s’active, un moment d’une présence culturelle inouïe. Discerner les pensées des sensations est l’expérience ultime, celle qui dénoue la confusion primale des représentations linguistiques. Ces histoires, ces pensées, puis ces terroirs, ces mets, ces vins construisent le monde qui nous entoure. Les hommes progressent dans la compréhension d’eux-mêmes et ils subliment leur être dans des moments partagés où ils cherchent à revivre des moments nouveaux. Le repas, c’est le moment où l’avenir côtoie le passé dans toute son intimité. Paradoxal disent certains, essentiel disent d’autres. Jean-François Piège compose dans sa cuisine ses histoires personnelles (blanc à manger), ses moments d’actualité (ris de veau) et ses perspectives (homard et cassis) dans une mise en scène vive et généreuse.

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