Réunion plénière de Decade dans un hôtel somptueux à Gammart.
Aymen et Mahdi m’invitent au Hammam – c’est mon premier Hammam – quelle expérience, quel rituel, quelle ivresse.
- L’accueil : bienveillant, doux et mystérieux – la lumière se tamise, la température s’adoucit dans ses couloirs
- La préparation : déposer ses vêtements dans son panier, s’équiper de serviettes moelleuses – le corps se réchauffe tandis et le temps commence à se suspendre
- L’attente : dans le vestibule, je discute, je parle de moins en moins fort, croisant les autres engourdis par les suées
- La sudation : dans une brume humide et suffocante, je m’assois, je sue petit à petit. On parle de plus en plus posément, le souffle se fait plus lent, je m’emmitoufle
- Le gommage : je sors, il fait tout à coup froid, je respire. Je m’allonge, et le gommage commence. Huiles (olive, orange, eucalyptus), gant kessa, vif, acéré – la mauvaise peau se retire, le corps respire.
- Le rinçage : à l’eau claire, douche rapide pour conserver un corps respirant
- Le repos : le corps vivifié, un verre d’eau pour respirer de l’intérieur et une attente – paisible, faible lumière, bougie, …
- Le massage : plus tard, un massage aux huiles, la peau enduite de graisse se relie avec elles mêmes, devient lisse à nouveau, glissante – prête à écouter le monde
- La dernière douche : je retire le surplus de graisse doucement, rafraîchissant
- Le départ : je reprend mes affaires dans mon panier, je m’habille lentement, je sors – apaisé
Les rites, bien orchestrés, bien accompagné sont autant d’occasion de se rappeler à soi et aux autres. Ecouter vibrer son corps, l’engager, comme dans la méditation pleine conscience, c’est voir le monde avec un nouveau regard – rêve toltèque – dans une dimension nouvelle. Ces rites temporels sont autant de portes vers le plus-que-présent ; assumés, vécus pleinement, ivres de présent.
S’en est suivie un joyeux repas animé et dansé.