Voyager à une vitesse infinie

Le temps et l’espace sont liés par des accords que nous leur donnons : la vitesse notamment qui fait de nous des acteurs de l’un et de l’autre simultanément.

Voyager dans l’espace

Décomposons le mouvement. Pour aller à une vitesse infinie dans l’espace, il suffit de figer le temps, de se déplacer et de relancer le temps.

Cette expérience nous la vivons dès que l’on s’endort en voiture ou en train. Ou quand on parle en roulant, que l’on est embarqué dans les échanges : « je n’ai pas vu le temps passer ». Dans les deux cas, c’est en passant par des univers parallèles (le rêve, la discussion) que l’on voyage très vite. Le moyen de locomotion le plus rapide n’est ainsi pas celui qui nous fait parcourir l’espace mais celui qui nous le fait oublier.

Une photo de Jupiter prise avec mon téléphone, je la grossis trois fois, je ferme les yeux et me voilà là-bas – instantanément, je rouvre les yeux, et me voilà revenu : instantanément.

Voyager dans le temps

Pour voyager dans le temps à une vitesse infinie, il suffit de figer l’espace, de se déplacer dans le temps, de relancer l’espace.

Pour voyager dans le passé, il s’agit de trouver une trace de celui-ci dans l’espace existant (un fossile, une ruine, une peinture, un château, …), de l’observer finement et de la faire vivre dans son environnement local petit à petit en se concentrant notamment sur chaque petite usure. J’ai fait cette expérience dans le Parc de Marly par exemple où j’ai pu voir des dinosaures passer de l’autre côté du bassin.

Pour voyager dans le futur, il s’agit d’observer les usures et de les prolonger. Cette expérience est plus complexe car les repères sont rares – la réalité augmentée va aider ces projections.

Voyager dans le temps et l’espace

Ce que je comprends de ces différents voyages c’est que c’est la puissance de l’évocation (de l’espace ou des traces) qui est le véhicule. Et finalement, les mots pour en parler en sont le « carburant ». L’expérience de la lecture, lorsqu’elle est plus-que-présente permet ce voyage extérieur à une vitesse infinie par le voyage intérieur.

Les romans, les théorèmes ou démonstrations scientifiques, les poésies, les journaux, les modes d’emploi, les courriers sont tous des véhicules qui permettent de voyager à une vitesse infinie.

Une bibliothèque ou une liste de liens Google deviennent dans le plus-que-présent une plateforme de départ inouïe. Que dire des lettres alors qui viennent construire petit à petit des univers d’univers (Gödel, Myst, La vie mode d’emploi).

Dans le plus-que-présent, chaque mot est la racine d’une expérience de voyage à vitesse infinie.

Que pensez alors de cette bibliothèque en Chine, comme plateforme plus-que-présente