Construire du temps

Plutôt que de considérer le temps comme une dimension de l’expérience, considérons que c’est l’expérience qui fabrique son propre temps (instant, moment, projet, voyage, repas, action d’un verbe d’état).

Pour fabriquer ces expériences, nous y intégrons des images, des souvenirs, des pensées, des parcours, des plans, … À savoir qu’un souvenir n’est qu’une projection au présent d’une idée que l’on a du passé et qu’un plan est une projection au présent d’une idée que l’on a du futur.

Ainsi, l’expérience est la « résolution » d’un ensemble d’état ou plutôt de pensées au présent.

Au plus-que-présent, cette expérience est construite consciemment – créant un présent augmenté.

Une illustration avec le projet

Communément, dans une vision unidirectionnelle du temps, le projet est une succession d’étapes pour atteindre un but. Alors que dans une vision construite du temps, le projet est une expérience du plus-que-présent.

Chacun contribue, au présent, à fabriquer cette expérience, certains fabriquent de l’espace (des constructions, des objets, des mails), certains fabriquent des dynamiques (des réunions, des explications), certains fabriquent du temps (des plans, des motivations et des accomplissements).

On retrouve bien, dans le projet, les dimensions du plus-que-présent : Conservation (la logique du plan), Lâcher-prise (la prise de risque), Anticipation (les objectifs), Engagement (la motivation).

Le temps n’est pas une fatalité qui s’écoule : c’est une production de l’expérience que l’on peut maîtriser. Des projets réussis sont des expériences collectives réussies où chacun se sublime lors des diverses expériences sous-jacentes. Des projets difficiles sont des expériences qui ne réussissent pas à créer du temps de qualité : manque de motivation, pauvreté des dynamiques, banalité des objets.

Le temps qui passe

5 minutes d’ennui ne valent pas 5 minutes de course d’un point de vue expérienciel.

« La belle affaire ! Sur ma montre, les minutes s’égrènent que je m’ennuie ou pas. »

Sur la montre, on observe bien des aiguilles qui avancent mais ce n’est pas le temps ; il s’agit d’une béquille qui nous permet de voir le présent entre deux battements (une idée du passé, une idée du futur, une idée du passé, …).

Le temps n’existe pas en tant que tel, il se résout dans l’expérience. Certains scientifiques (relativité générale d’Einstein, trous de ver d’Hawking) l’on découvert sans toutefois s’engager dans une vision du présent plus intense.

Construire du temps

En vivant intensément au présent, toute activité en suggère 1000 autres, construisant ainsi du temps – potentiel.

En alimentant consciemment notre présent de tout un ensemble d’envie, de souvenirs, de sensations, oui, nous créons du temps.

Vivre au présent c’est embrasser et créer toute la réalité simultanément. L’architecture de ces créations nous appartient ; et nous les vivons à travers des expériences sous la forme d’instant, moment, voyage, dîner, projet, …

Viendra bientôt le moment où l’on arrivera à construire collectivement et consciemment du temps au présent sans crainte du futur et sans morale du passé.